Je suis mort sans en être conscient ; elle a écrit un livre sur ma disparition.

Je reviens d’entre les morts à travers des mots d’amour inexprimables à voix haute. L’atroce vérité m’est dévoilée dans toute sa nudité : je suis enfermé dans le TU de sa détresse. L’auteure me confine à la fin du monde avec son langage passionnel.
Je cesse d’être celui qui s’exprime, normal quand tu meurs, pour perdurer dans le cœur brisé de cette femme. TU, silencieux, le cœur libre, ne peut voler à ma délivrance.
Elle habille TU de phrases au présent alors que j’ai rendu l’âme ; elle me voit partout alors que je ne suis nulle part ; elle colore son royaume de cyan, moi qui vis dans le blanc. Pourtant à chaque page, ses doigts me caressent.
J’ai cessé d’aimer, ce n’est rien à côté de sa peine de ne plus être aimée. Elle ne feint pas, je la connais, elle se meurt de mon absence et de mon indifférence ; elle a le sentiment, pour prendre son expression, d’aller toucher le fond de la mer avec une seule bulle d’air.
Je ne me reconnais plus, elle me voit, je veux dire elle voit TU dans chaque jeune homme. TU tue son cœur. Dois-je me pendre au haut de page de chaque chapitre ? Elle sait que je ne le ferai pas, jamais je ne briserai son enchantement, ça détruirait le mien ?
TU, souvenir intouché, lui donne le goût d'aimer à nouveau.